Les chambres d’agriculture ont 100 ans : retour sur un siècle d’accompagnement
Créées en 1924 pour accompagner le développement du secteur, les chambres d’agriculture ont progressivement pris une place de conseillères techniques. Elles célèbrent leur siècle d’existence ce mercredi 3 janvier 2024.
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Ce sont les interlocutrices principales des agriculteurs. Les chambres d’agriculture célèbrent ce mercredi 3 janvier 2024 leurs cent ans d’existence. Un siècle au cours duquel ces instances exerçant à la fois une fonction de représentation du monde agricole et fournissant un panel de services aux agriculteurs, ont dû s’adapter et accompagner les exploitants face aux évolutions du secteur.
Les chambres d’agriculture départementales sont créées par une loi du 3 janvier 1924. En vérité, cela fait depuis 80 ans que l’idée d’institutions locales accompagnant les agriculteurs a émergé. Car à l’époque, plus de la moitié de la population active française travaille dans l’agriculture.
En 1840, le maréchal Bugeaud, député de la Dordogne, dépose une première loi qui est rejetée. Après plusieurs autres essais infructueux tout au long du XIXe siècle, les chambres d’agriculture voient finalement le jour en 1924. Il faudra encore attendre trois ans pour adopter leurs ressources financières et créer l’Assemblée permanente des présidents de chambre d’agriculture (reconnue seulement en 1935 par le gouvernement).
Un rôle secondaire dans l’entre-deux-guerres
Très frileux, les pouvoirs publics étaient hostiles à ce projet qui octroyait du pouvoir à de nouveaux organismes, analyse Pierre Guillaume, dans une thèse portant sur le sujet et publiée en 1968. Boudées par les institutions et craintes par les syndicats pour leur concurrence, les chambres d’agriculture restent discrètes durant l’entre-deux-guerres.
Alors que l’Europe sombre dans la guerre, le régime de Vichy met en sommeil les chambres. Celles-ci retrouvent peu à peu leur fonctionnement à la chute du régime de Pétain, avant leur réhabilitation officielle en 1949 par le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative française.
Le début du conseil agricole par les chambres
Au cours des années 1950, les fonctions de conseil agricole, jusqu’alors délivré par les services de l’État, intègrent les chambres d’agriculture via l’embauche de techniciens comme des ingénieurs agronomes. Les organisations agricoles, notamment les syndicats, se disputent le conseil technique destiné aux agriculteurs.
Une compétition soldée par une victoire pour les chambres d’agriculture en 1966 avec la création d’un Fonds national de développement agricole qui alloue de nouveaux moyens aux chambres, avec la taxe additionnelle à la taxe sur le foncier non-bâti (TATFNB). Cette taxe est toujours à l’origine d’une partie des recettes des chambres aujourd’hui. En restant le seul médiateur possible entre les services de l’État et le syndicalisme, les chambres s’imposent comme coordinatrices légitimes du monde agricole.
À cette période, le conseil technique est essentiel et les chambres d’agriculture recrutent massivement. Le milieu agricole entame sa transition industrielle avec le progrès technique comme fer de lance de la modernisation de l’agriculture. « Les chambres d’agriculture, au rôle jusqu’alors limité, vont devenir les acteurs essentiels de la vulgarisation du progrès en agriculture », précise Pierre Terrier, ancien directeur de la chambre d’agriculture de la Saône-et-Loire dans la revue Pour en 2008.
✨Jour-J✨
— Chambres d'agriculture France (@ChambagriFrance) January 3, 2024
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1924-2024
Les Chambres d'agriculture ont traversé des moments historiques forts aux côtés des agriculteurs.
⭐Depuis 100 ans, les #ChambresAgri contribuent à l'avenir de l'agriculture française#100ansChambresAgripic.twitter.com/BRxdSSPAxy
Difficultés dans les années 1970
Les années 1970 marque la fin d’une période dorée pour l’agriculture française avec la baisse des prix et l’ouverture du marché international. Dans ce contexte, les chambres d’agriculture sont aussi pointées du doigt pour leur indépendance vis-à-vis de l’État, analyse Sylvain Brunier dans la revue Pour en 2013. Elles modifient leur offre en proposant plus de services individualisés aux agriculteurs et laissant de côté la partie relative au développement général de l’agriculture pour diminuer les coûts internes. En 1982, les chambres régionales sont créées pour coordonner les activités départementales.
Résilience et durabilité, nouvel enjeu du XXIe siècle
Les chambres d’agriculture voient l’arrivée d’un nouvel enjeu dans les années 2000 : les questions environnementales. En 2001, elles lancent « Cap 2010 », un projet stratégique pour promouvoir une agriculture rentable, vivable, adaptable et renouvelable. Dix ans plus tard, elles intègrent le domaine forestier dans leurs compétences.
Aujourd’hui, les chambres d’agriculture sont le premier réseau de conseil agricole et territoire certifié. 8 230 personnes travaillent au sein de 102 établissements et 3 200 représentants syndicaux sont élus tous les six ans lors des élections professionnelles. La FNSEA, en liste commune avec les jeunes agriculteurs est majoritaire, devant la Coordination rurale, la Confédération paysanne et le Modef. Alors que les prochaines élections se dérouleront en janvier 2025, les syndicats minoritaires s’inquiètent d’un manque de représentativité démocratique. Un projet de décret envisage de rediriger les financements publics vers le syndicat majoritaire.
Déjà actrices majeures du secteur agricole, les chambres d’agriculture seront bientôt incontournables pour s’installer. Le projet de pacte et de loi d’orientation agricole présenté à la fin de l’année 2023 par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, envisage de créer un guichet unique réservé à l’installation « France Service Agriculture » sous la gouverne des chambres d’agriculture.
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